You are currently viewing À La Recherche Du San Diego Disparu

Tu pensais que les trésors ça n’existait que dans les romans ou les films de Spielberg…? Tu te trompes ! Il existe réellement des personnages dignes d’Indiana Jones dans la réalité. Franck Goddio est l’un d’eux. Passionné d’histoire et d’archéologie sous marine, il a découvert en 92 l’épave d’un bateau, le San Diego à 50 mètres sous l’eau au large d’une île des Philippines. Et dire que tout avait commencé en 1600…  

Un peu d’histoire… 

En 1600, le San Diego est un navire de commerce de la marine espagnole. Son rôle est d’acheminer des marchandises venant d’Asie vers le Mexique, qui est à l’époque une colonie espagnole. Cependant, cette route commerciale très prospère est menacée par l’arrivée d’une flotte hollandaise, dirigée par Olivier De Noort. Le gouverneur espagnol des Philippines pense qu’il est nécessaire de réagir au plus vite à cette menace. Il décide alors d’envoyer un navire pour empêcher la progression des hollandais et nomme Antonio De Morga amiral afin d’effectuer cette mission.

Comment un navire marchand devient bateau de guerre

Faute de navire de guerre, on réquisitionne un navire marchand, le San Diego. Pas question de le vider de ses marchandises ! On s’occupera seulement de l’armer, en ajoutant des canons et des boulets pris à la forteresse de le ville. Trois cent cinquante hommes (marins et militaires) sont également embarqués sur le navire. Le résultat est une embarcation fragile difficile à manœuvrer, dirigée par un amiral peu expérimenté.

Le naufrage du San Diego

Lors de la rencontre avec le navire d’Olivier De Noort, c’est Antonio De Morga qui déclenche la bataille en faisant donner le canon en premier. Cependant, lorsque les bateaux sont côte à côte, l’amiral espagnol tarde à donner l’ordre d’abordage. Olivier De Noort utilise alors une vieille ruse de marin : il met le feu à ses cales, si bien que ses hommes se retrouvent obligés de monter sur le pont pour combattre les espagnols surpris. Antonio De Morga ne parvient pas à donner d’ordre d’autant plus que les coups de canon trop puissants ont créé des voies d’eau qui font couler le bateau. Le San Diego sombre… Antonio De Morga s’en tire avec une poignée d’hommes, rédigeant même à son retour de Manille une lettre au Roi d’Espagne où il se vante d’avoir mis les hollandais en fuite. Piètre marin, mauvais amiral et menteur en plus !!!  

Une histoire connue

Le naufrage du San Diego est connu de nombreux historiens. Nombreux sont les livres qui évoquent ce combat entre les hollandais et espagnols et confrontent les différentes versions mais enfoui sous l’eau ce vaisseau cachait encore sa véritable histoire. 

Tout commence à Séville… 

C’est dans les archives de Séville, qui sont les plus importantes sur l’histoire maritime espagnole, que Franck Goddio et Patrick Lize, vont retrouver en 1990 des éléments déterminants pour retrouver le San Diego : Les témoignages des rescapés recueillis à Manille en 1601. Traduits de l’espagnol anciens, ces documents exceptionnels remettent sérieusement en question la version héroïque d’Antonio De Morga et donnent de précieuses indications sur la localisation du naufrage. Celui ci n’a pas eu lieu en pleine mer comme le prétendait Morga mais dans les environs de l’île de Fortune! Après avoir localisé l’endroit où le San Diego a échoué, Franck Goddio va constituer l’équipe qui va lui permettre de retrouver le navire perdu. Pour explorer la zone qu’il a déterminée et qui représente 7,5 millions de mètres carrés, Franck Goddio va bénéficier d’outils techniques très performants. Ainsi, il bénéficiera de magnétomètres qui sont des appareils ultra sensibles à la présence de métaux et des mesures de position reliés à un satellite Durant le mois d’avril 90, Franck Goddio et son équipe vont explorer attentivement la zone qu’ils ont délimité. Souvent le magnétomètre indique une présence sous- marine… Mais il ne s’agit que d’épaves du vingtième siècle ou de débris quelconques. A quelques jours de la fin de l’exposition, les chances semblent minces de pouvoir retrouver le San Diego..

On a retrouvé le San Diego ! 

Le 21 avril 90, Gilbert Fournier plonge au dessus d’une masse métallique repérée par le magnétomètre. A 50 mètres de fond, il découvre deux ancres et six canons. L’un d’eux porte l’inscription Philippus rex ( Philippe Roi), 1593. Ca y est, on a retrouvé le San Diego ! Une fois le San Diego retrouvé, un long et pénible travail va commencer pour remonter à la surface les objets situés à plus de cinquante mètres de profondeur. Une équipe de Dixhuit plongeurs va permettre de remonter entre 92 et 93 plus de 5000 objets. Seules une morsure de murène et la piqûre d’un poisson pierre sont venus déranger nos chercheurs. Les requins pourtant fréquents dans cette partie du monde, ne sont jamais venus déranger les travaux.  

Un trésor inestimable

Ce qui a été découvert par Franck Goddio et son équipe, ce ne sont pas des pièces d’or ou des diamants. Et pourtant il s’agit là d’une découverte incroyable ! Que ce soit les armes, la porcelaine ou les instruments de navigation, il s’agit là de pièces uniques dans un état de conservation exceptionnel. Une grande partie de ces découvertes rejoindra les vitrines de musées français ou philippins. 

En route vers de nouvelles aventures

Maintenant que ce trésor est portée à la connaissance du public, Franck Goddio pense déjà à ses prochaines aventures : retrouver le palais de Cléopâtre, le navire d’un flibustier ou encore créer un musée d’archéologie sous marine. Décidément, ce passionné de marine et d’histoire ne manque pas de projets… Partagé entre l’étude historique, la recherche technique et l’exploration des fonds marins, voilà un personnage, sortant directement d’un livre d’aventure… Un de ces livres dont on réclame toujours la suite !  

Article publié dans Mikado n°131 – septembre 1994