Sur le toit du monde….
A l’occasion du dix-septième “Fontaine en montagne”, Jean Afanasieff viendra évoquer son expédition avec Pierre Mazaud en 1978, qui permit à une expédition française d’atteindre le sommet le plus élevé de la planète : l’Everest !
En ces temps où l’aventure prend trop souvent des allures de télé-réalité ou de produit marketing savamment orchestré, la démarche d’alpinistes comme Jean Afanassief donne au mot exploit un autre sens que celui d’une performance sans fondement. Lorsqu’il évoque cette fameuse expédition de 1978, qui permit à une équipe française d’atteindre l’Everest vingt-cinq après la première de l’anglais Edmund Hillary et du sherpa Tenzing Norgay, Afa, comme on le surnomme dans le milieu alpiniste, fait preuve d’une étonnante humilité, conservant intact le choc émotionnel de ce qui constitua sa première rencontre avec l’Himalaya.”A l’époque je ne faisais que grimper pour moi, cherchant à découvrir de nouvelles voies. Le fait que Pierre Mazaud m’ait demandé de l’accompagner m’a vraiment beaucoup touché.”
Lorsqu’il raconte cette extraordinaire découverte, Jean Afanassief met en lumière tout le parcours initiatique d’un tel périple : “A l’époque, nous partions à pieds de Katmandu et le gouvernement népalais donnait peu d’autorisation pour entrer sur son territoire. Avant d’accéder au camp de base, nous avions une longue marche à effectuer. C’était durant cette période que se mettait en place la cohésion de l’équipe et que nous nous préparions à affronter des conditions extrêmes.” En quelques années à peine, cette imposante montagne est passée du statut de champs d’exploration à celui de champs d’exploitation : le Népal a ouvert ses frontières et la fréquentation n’a pas cessé de progresser. Le guide chamoniard n’en est pas aigri pour autant et se félicite d’avoir connu ce territoire encore vierge et si fabuleux. “Nous avons eu mauvais temps pendant un mois et demi. Lorsque nous sommes arrivés au sommet de l’Everest, nous avons eu la chance d’avoir une météo très bonne, si bien que nous avons pu rester une heure et demi sur le toit du monde, sans masque à oxygène. Ce qui est exceptionnel.” Et d’évoquer avec émotion les sensations éprouvées à ce moment là : le silence, la beauté du site associés au plaisir d’atteindre l’objet de sa quête. Le calme intérieur qui vient l’habiter à cette occasion : “Lorsqu’on est en haut du Mont Blanc, on a déjà l’impression de surmonter. Cette perception était ici décuplée…” Et jamais, il ne parle de performance : “A l’époque, je n’avais pas l’impression d’être un sportif de haut niveau. On emploi du temps était exclusivement consacré à la montagne, si bien que je ne me suis pas préparé spécifiquement pour l’Everest”. Au cours de sa carrière de guide, il aura l’occasion de retrouver l’Everest sans pour autant atteindre le sommet. Qu’importe. “Je ne suis pas un jusqu’au boutiste” C’est vrai qu’il semble très éloigné des critères actuels qui définissent une aventure. Lui a choisi de privilégier des valeurs humaines à des impératifs commerciaux. Dans la lignée des grands aventuriers, qui aiment découvrir et contempler.