Durant l’été, le Musée Dauphinois sort de ses murs pour habiller les paysages de l’Oisans. Ou comment une création contemporaine peut s’insérer dans un cadre naturel. Une démarche à suivre.
La balade en montagne n’est pas forcément motivée par l’essai de nouvelles chaussures de rando, un repas constitué de vache qui rit et de pain humidifié par une gourde percée ou encore une nuit passée dans un refuge “ronfleur”. Le goût de l’effort et le désir d’être en phase avec les éléments naturels sont certainement les motivations premières qui nous incitent à entreprendre une quelconque randonnée et à supporter des cailloux qui glissent sous nos pas, une pluie fine qui fouette notre visage, un K-way oublié à la maison. Depuis le début de l’été, le Musée Dauphinois vient donner un peu plus de sens à nos promenades. En effet, avec la collaboration du Parc des Ecrins, il nous propose une création contemporaine, conçue par le groupe Laboratoire, le long d’un parcours qui va de la Bérarde jusqu’au refuge du Châtelleret. Ainsi durant deux heures d’une lente (et assez facile) ascension, nous pouvons découvrir les 24 installations conçues par la photographe Maryvonne Arnaud et les écrivains Pascal Amel, Jacques Darras, Jacques Lacarrière et Hervé Planquois. Textes et images sont magnifiquement insérés dans l’espace, à double titre : d’une part, en raison des thèmes qu’ils abordent (évocation du déplacement, dialogue avec la nature), d’autre part, du fait de leur mise en scène qui attire finement l’attention.
Le randonneur, même fatigué, n’aura aucun mal à dialoguer avec ces œuvres : il trouvera dans cette proses et ces photographies noir et blanc l’évocation d’un ressenti, d’une émotion qu’il connaît. Ainsi, le long de son chemin, ou plutôt pour reprendre l’expression de Jacques Lacarrière, le long de “ces cicatrices du sol” il aura l’occasion de confronter ses impressions et faire un autre parcours : celui qui le mène d’un patrimoine naturel à un patrimoine culturel. C’est bien le dialogue nature-culture qui est au cœur de cette “Traversée”, un véritable échange, riche passionnant et subtilement intégré. L’émotion fait partie du paysage.